Ces poèmes sont destinés à former, à terme, un petit livre de cuisine. De la nouveauté chaque mois, n’hésitez pas à me partager votre avis.
Sacré dilemme, que j'aime. Faire de grandes choses, n’est-ce pas l’essentiel ? Courir le grand monde ou se faire président, Oui, laisser un souvenir, sur terre et en ciel. Lire, bâtir l’avenir, nouveau Chateaubriand. Ou bien rien de cela, humble sous les nuages, Savourer le silence, une joie, un sanglot, Admirer l’onde pure, et le poisson dans l’eau, A l’ombre du grand saule, et seul face au rivage. Éternel dilemme, avec joie je m’y prête, Car vivre ainsi, la glorieuse pesanteur Ou L’insoutenable légèreté de l’être Est un choix difficile, bien loin d'être anodin Alors chers compagnons, réchauffons notre cœur Et alternons sans fin ; soyons fous, soyons saints ! Pâtisserie. Avant de croquer, un dernier doute, Car je sais ce qu’il en coûte. Et puis je le savais bien en venant, Il est trop tard maintenant. Fade, dégoûtant. Je repars triste, sans surprise en somme. Qu’il est amer pour un homme, Le goût de la jalousie Aux pommes.
L'arlequin. Un temps, j’ai cru faire autrement, J’esquivais la chose, habilement. Quelle idée, quel dément. Vraiment je pensais m’en être détaché, J’en parlais avec plaisir et sans me fâcher. Quelle candeur, quelle audace, Mes joues en étaient salement tachées. Reconnais ton erreur, arlequin, Et ne fais plus semblant ! Tu cries, te débats, gesticules Tu y reviendras toujours. L’amour, l’amour Aux aguets dans le vestibule.
21/03/23. Une chevelure blonde, que je remarque de loin, Elle brille, soir, midi et matin, Elle me fascine, regard en coin. Faut-il qu’elle se lève, je guette son mouvement, J’aime quand elle ondule, puis qu’elle se rapproche doucement. La voilà non loin. Mon pouls s’accélère, Je résiste, mais toujours en vain, Elle est proche, je l'accroche, enfin. Et toujours elle m’échappe, Puisqu’il en est ainsi. Que je lui crie ; je t’aime ! Elle me dira ; merci. Oh les beaux jours. Plusieurs jours durant, j’ai attendu ton retour, Mon amour. Allons au Jardin, nous y serons bien, - Tu en es certain ? Sous ces arbres chéris, tous deux réunis, Mon amour. Enfin il est temps, comme deux amants, - Non, pas maintenant. Sous le magnolia blanc, le vent souffle doucement, Mon amour. Est-ce un baiser que j’entends. - Mais enfin, es-tu sourd ? Alors au labyrinthe enchanté, je t’ai emmenée, Mon amour. J’aimerai te le dire, je ne peux retenir, - Attends encore un moment. Encor un moment, vraiment ! Pourquoi pas, Mon amour. Soyons fous ! Oh, les beaux jours.
Prières. Il me reste si peu de temps, Avant de ne plus te voir. Alors si tu peux, de temps en temps, Jette-moi un peu d’espoir.
Papillon. Ce joli papillon, porte sur ses ailes, Tous mes rêves. Ce joli papillon, virevolte autour de moi, Sans but, sans trêve. Souvent d’ailleurs il change de couleurs, Passe du doré à l’argenté Du châtain au violet Les après-midis où il butine les fleurs. Les papillons des autres ? Je les vois de loin. Parfois j’en suis jaloux, parfois j’en rigole bien. On me dit que certains emprisonnent leurs papillons - Leur courir après, c’est bien trop long. D’autres les percent d’une aiguille dans l’abdomen, Les cataloguent, en font tout un domaine, Droits, rigides comme un bâton, Leurs rêves accrochés dans le fond du salon. Depuis quelques temps, le mien s’est noirci. Demain soir dans mon lit, je lirai poésie. Mon petit papillon est toujours autour de moi, Et je lui cours après comme un enfant, Mais attention aux ailes de votre papillon, Vous pourriez briser vos rêves en les touchant.
Au bord du canal. Ce matin j’ai écrit un poème, puis je l’ai jeté dans l’eau. Il a flotté quelque temps, a croisé quelques grenouilles Puis il a rejoint l’océan, un peu bredouille.
Les idées vagabondes. Mes idées, mes idées, Où sont-elles passées ? Je les avais, là, dans le creux de ma main, Et les voilà parties, voyageuses. Elles étaient là, au bout de ma langue, Au bout de mes doigts, Et les voilà parties, voyageuses ; Ce poème pour louer, toutes ces idées envolées. Car combien de chansons restées muettes, Combien de chef-d'œuvres perdus chaque jour, Pour un rien, une distraction, une amourette, Et voilà que l’idée fait demi-tour.
Tristesse à moi. Où donc est l'eau de mon baptême Où est passé mon génie, Mes angoisses, mes fortunes Où sont-elles ; d'où vient cette amnésie. Pourquoi ne me suit-elle plus, Mon ombre, ma panoplie, Je suis flasque, boueux, flapi, L’eau est noircie… la source, tarie. Ces années de jeunesse, Cette fougue, cette paresse, Ces quelques instants de silence … - File, étoile filante ! Que de rires et de soirées envolées, Et je répète seul dans ma ronde ; Sous la lune blonde, ces quelques vers de Musset adorés. "Dieu parle, il faut qu’on lui réponde, Le seul bien qu’il me reste au monde, Est d’avoir quelquefois pleuré."
Les oiseaux. Quels acrobates ! Vols enchantés, danses arabesques, Jeunes et chancelantes, beautés et maladresses. Toutes ces émotions qui volent en moi, cette tornade que rien n’arrête, Comment lâcher ma plume, Face à de pareils interprètes.
L'anneau ( Poème pour elle ). J’ai retrouvé l’anneau, Perdu dans l’océan. Il flottait sur la rive, Doigts de géant. L’anneau que je t’avais offert, Disparu, dans l’hiver. L’inscription était toujours là ; "Je ne t’aime plus, pardonne-moi." Tu n’avais rien lu, Et tu avais souri. Rayon de soleil, Sur mon cœur pourri.
L’amour dure un siècle. Te souviens-tu de mon prénom, Frémis-tu toujours à l’entendre voler, Te souviens-tu de nos regards, Quand j'étais jeune, sous tes volets. Te souviens-tu de mon rire, Celui qui répondait au tien, Te souviens-tu me voir trembler, Quand ton regard croisait le mien. Te souviens-tu de la fougue, Des éclats, de l’arrogance, Te souviens-tu de la houle, Des reproches, quand ils commencent. Je me souviens de tout cela, Et même de plus encore. Comment revenir vers toi, Une fois parti en tord.
08/11/2022. Alors il crie, l’enfant né hier, Et lance, dans un dernier espoir Avant que l’heure ne sonne ; "Qui se souvient De la grandeur et de la misère, De l'ombre et de la lumière, Qui se souvient des Hommes..."
Je cours après le sens. Le sens, je l’ai cherché dès l’enfance, Dans les rires gentils et les jolies amours Dans le début et la fin des vacances. Je l’ai cherché dans la romance, En transe, les baisers volés, d’un soir, Les cabarets, les paillettes, juste, un faux espoir. Je l’ai cherché dans le noir, Les puits, les gouffres de larmes, Les giclées de sang et les drames. Les nostalgies qui se prélassent ; Il n’y était pas, hélas. Je l’ai cherché sous l’herbe , dans le jardin, au poulailler, Chez les riches, les pauvres, les oubliés, Dans une rue en soleil, dans un lit bien chaud, Chez les philosophes et dans mon manteau. Et essoufflé, je répétais sans cesse : - Quel sens, dis moi, quel sens ? Je cours après le sens.
Les grands yeux. Où suis-je ? Seul ? Dans la brume, Les formes. Une forme, noire, Elle s’approche. Elle est proche, Les grands yeux. Où est-elle ? Seule ? Dans la lumière, Les formes. Une forme, blanche, Elle s’approche. Elle est proche, Les grands yeux. Dans la lumière, Dans la brume, Les formes. On s'approche, on est proche, Les grands yeux. Les grands yeux, Des grands dieux.
Comme une note... Ce matin, il y avait quelque chose de nouveau dans l’air. Quelque chose se cachait parmi les feuilles. Je peux le sentir, mais je ne saurais dire… Suis-je en joie ou suis-je en deuil ? Pourtant, tout était pareil ; L’oiseau chantait sur sa branche, le ciel était calme. Un homme passe, à son bras une femme. Où donc était la différence ? Ainsi je passais la journée dans la torpeur ; Suis-je la triste victime d’un esprit moqueur ? Moi, le poète, qui voyait l’invisible, Me voilà, perdu, tordu, imbécile. Le soir venu, la tête sur l'oreiller, Le corps transi et le regard inquiet, Je saisis enfin la chose. Toujours, déjà, S'en était elle, la cause. Ce matin, il y avait quelque chose de nouveau dans l’air Comme une note de plus dans la chanson, Ce soir elle n’y était plus, ce poème est en son nom.
La lune, cette cachottière. Je me demande bien ce que cache la lune, Derrière son masque d’infortune. Certains disent qu'on y trouve des dunes, Des plumes et des enclumes. D’autres, Plus inventifs, imaginent des montagnes, Des ruisseaux , des temples à usage décoratif. Mon voisin qui en revient, jure qu’on s’y sent bien. Moi, sur la lune, j’y vois de grosses vaches, Et je serai bien mort avant de savoir ce qu’elle me cache.
Gouttelette, tragédie. Alors quand il pleut, Souvenez-vous de ces gouttes Qui, partant seules, Ont pris tous les chemins, Explorer toutes les routes, Pour créer des arcs-en-ciel.
L’amour grandissant ( Poème pour elle ). Un soir de rêve Assis au coin du feu Fume une onde de thé Simple et heureux Un livre poussiéreux me guette Mon chat est là et s’enlaçant Attire mon œil Pourtant seul, je sens l’attente L’attente de quoi ? Je ne sais pas. L’attente d’un rêve qui monte en moi. Soudain je pense à toi Alors je souris Je pense à toi et tes manies Puis cela devient un fou rire
Ainsi fait. Et si les anges du ciel devaient m’attendre en chantant, Et si Dieu avait eu un plan pour moi, Serais-je satisfait pour autant ? Je ne sais pas.
Le Rat candide et le Rat savant. Autrefois le Rat candide Invita le Rat savant Dans un coin des plus tranquilles Pour s’allonger un moment. Le Rat savant, fort civil Ne dort pas dans la journée Et voulut, comme à la ville Parler pour bien s’écouter ; Celui-ci tint deux discours ; Sur les choses et leur nature Et évoqua sans détour La souffrance et ses allures. Rat candide sur ce fait S’en retourne en suffoquant Ne sachant plus ce qu’il sait, Se trouvant tout ignorant. « - Malheur à celui qui dort, S’écrie le rongeur naïf, Je veux être un Pythagore Sans quoi je suis brûlé vif » Pour deux ans, il disparut Ne dormit qu’un quart de rien Convaincu de se faire saint, Et d’agir pour son salut. Le vieux rat devint aigri Regretta son innocence Et retrouve un brin de vie Dans ses souvenirs d’enfance Un jour prochain vint son heure. - Malheur à celui qui sait, S’écrie l’instruit professeur, Il en oublie d’être heureux ! Ainsi de cette oraison Coule notre conclusion Amis, d’instruire les uns S’ils sont purs, gardons nous bien !
Rouge à lèvres ( Poème pour elle ). Ton rouge à lèvres A un goût de souvenirs Il rend doux, ces soirs doux, Donne aux bouts de mes lèvres l’envie de courir. Ton rouge à lèvres, Rend jaloux les fleurs C’est une danse de joie et de douceur Il vole, voltige Se prend d’amour pour chacune des couleurs. Il laisse des traces rouges sur tout ce qui bouge, Il se cache, se donne, vole comme dans un songe Se dépose avec la douceur d’un mensonge. Ma belle, Ton rouge à lèvres manque à mon rouge à lèvres. Et si chacun de nous deux a pris sa route Si nos pas ne se croisent plus dans les rues de Paris, Il restera toujours sur ma joue Un peu de ton rouge à lèvre qui n’est jamais parti.
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