Poèmes en vers : Saison 2022/2023.


Ces poèmes sont destinés à former, à terme, un petit livre de cuisine. De la nouveauté chaque mois, n’hésitez pas à me partager votre avis.

Sacré dilemme, que j'aime. 

Faire de grandes choses, n’est-ce pas l’essentiel ?  
Courir le grand monde ou se faire président, 
Oui, laisser un souvenir, sur terre et en ciel. 
Lire, bâtir l’avenir, nouveau Chateaubriand. 

Ou bien rien de cela, humble sous les nuages, 
Savourer le silence, une joie, un sanglot, 
Admirer l’onde pure, et le poisson dans l’eau, 
A l’ombre du grand saule, et seul face au rivage.

Éternel dilemme, avec joie je m’y prête, 
Car vivre ainsi, la glorieuse pesanteur
Ou L’insoutenable légèreté de l’être

Est un choix difficile, bien loin d'être anodin
Alors chers compagnons, réchauffons notre cœur
Et alternons sans fin ; soyons fous, soyons saints !





Pâtisserie. 

Avant de croquer, un dernier doute, 
Car je sais ce qu’il en coûte. 
Et puis je le savais bien en venant, 
Il est trop tard maintenant.

Fade, dégoûtant. 
Je repars triste, sans surprise en somme. 
Qu’il est amer pour un homme, 
Le goût de la jalousie 
Aux pommes.



L'arlequin. 

Un temps, j’ai cru faire autrement,
J’esquivais la chose, habilement.  
Quelle idée, quel dément. 

Vraiment je pensais m’en être détaché,
J’en parlais avec plaisir et sans me fâcher.
Quelle candeur, quelle audace, 
Mes joues en étaient salement tachées. 

Reconnais ton erreur, arlequin, 
Et ne fais plus semblant !

Tu cries, te débats, gesticules
Tu y reviendras toujours. L’amour, l’amour 
Aux aguets dans le vestibule. 



21/03/23.

Une chevelure blonde, que je remarque de loin, 
Elle brille, soir, midi et matin,
Elle me fascine, regard en coin. 

Faut-il qu’elle se lève, je guette son mouvement, 
J’aime quand elle ondule, puis qu’elle se rapproche doucement. 

La voilà non loin. Mon pouls s’accélère, 
Je résiste, mais toujours en vain, 
Elle est proche, je l'accroche, enfin. 

Et toujours elle m’échappe, 
Puisqu’il en est ainsi. 
Que je lui crie ; je t’aime !
Elle me dira ; merci.




Oh les beaux jours. 

Plusieurs jours durant, j’ai attendu ton retour, 
Mon amour.
Allons au Jardin, nous y serons bien, 
- Tu en es certain ? 

Sous ces arbres chéris, tous deux réunis, 
Mon amour. 
Enfin il est temps, comme deux amants,
- Non, pas maintenant. 

Sous le magnolia blanc, le vent souffle doucement, 
Mon amour. 
Est-ce un baiser que j’entends.
- Mais enfin, es-tu sourd ? 

Alors au labyrinthe enchanté, je t’ai emmenée,
Mon amour.  
J’aimerai te le dire, je ne peux retenir,  
- Attends encore un moment. 

Encor un moment, vraiment ! Pourquoi pas, 
Mon amour. 
Soyons fous ! Oh, les beaux jours.

Prières.

Il me reste si peu de temps, 
Avant de ne plus te voir. 
Alors si tu peux, de temps en temps, 
Jette-moi un peu d’espoir.




Papillon.

Ce joli papillon, porte sur ses ailes, 
Tous mes rêves. 
Ce joli papillon, virevolte autour de moi, 
Sans but, sans trêve. 

Souvent d’ailleurs il change de couleurs, 
Passe du doré à l’argenté
Du châtain au violet
Les après-midis où il butine les fleurs. 

Les papillons des autres ? Je les vois de loin.
Parfois j’en suis jaloux, parfois j’en rigole bien. 
On me dit que certains emprisonnent leurs papillons 
- Leur courir après, c’est bien trop long.

D’autres les percent d’une aiguille dans l’abdomen,
Les cataloguent, en font tout un domaine, 
Droits, rigides comme un bâton, 
Leurs rêves accrochés dans le fond du salon.

Depuis quelques temps, le mien s’est noirci.
Demain soir dans mon lit, je lirai poésie. 

Mon petit papillon est toujours autour de moi, 
Et je lui cours après comme un enfant,
Mais attention aux ailes de votre papillon, 
Vous pourriez briser vos rêves en les touchant. 



Au bord du canal. 

Ce matin j’ai écrit un poème, puis je l’ai jeté dans l’eau. 
Il a flotté quelque temps, a croisé quelques grenouilles
Puis il a rejoint l’océan, un peu bredouille. 



Les idées vagabondes.

Mes idées, mes idées, 
Où sont-elles passées ? 

Je les avais, là, dans le creux de ma main, 
Et les voilà parties, voyageuses.
Elles étaient là, au bout de ma langue, 
Au bout de mes doigts, 
Et les voilà parties, voyageuses ;

Ce poème pour louer, toutes ces idées envolées.

Car combien de chansons restées muettes, 
Combien de chef-d'œuvres perdus chaque jour, 
Pour un rien, une distraction, une amourette,  
Et voilà que l’idée fait demi-tour. 



Tristesse à moi. 

Où donc est l'eau de mon baptême
Où est passé mon génie,
Mes angoisses, mes fortunes
Où sont-elles ;  d'où vient cette amnésie.

Pourquoi ne me suit-elle plus, 
Mon ombre, ma panoplie, 
Je suis flasque, boueux, flapi, 
L’eau est noircie…  la source, tarie. 

Ces années de jeunesse, 
Cette fougue, cette paresse, 
Ces quelques instants de silence …
-  File, étoile filante !

Que de rires et de soirées envolées, 
Et je répète seul dans ma ronde ;
Sous la lune blonde, ces quelques vers de Musset adorés. 

"Dieu parle, il faut qu’on lui réponde, 
Le seul bien qu’il me reste au monde, 
Est d’avoir quelquefois pleuré."



Les oiseaux.

Quels acrobates ! Vols enchantés, danses arabesques,
Jeunes et chancelantes, beautés et maladresses. 
Toutes ces émotions qui volent en moi,  cette tornade que rien n’arrête, 
Comment lâcher ma plume, 
Face à de pareils interprètes.



L'anneau ( Poème pour elle ).

J’ai retrouvé l’anneau,
Perdu dans l’océan. 
Il flottait sur la rive, 
Doigts de géant.

L’anneau que je t’avais offert, 
Disparu, dans l’hiver. 
L’inscription était toujours là ; 
"Je ne t’aime plus, pardonne-moi." 

Tu n’avais rien lu,
Et tu avais souri. 
Rayon de soleil, 
Sur mon cœur pourri.



L’amour dure un siècle.

Te souviens-tu de mon prénom, 
Frémis-tu toujours à l’entendre voler, 
Te souviens-tu de nos regards, 
Quand j'étais jeune, sous tes volets.

Te souviens-tu de mon rire, 
Celui qui répondait au tien, 
Te souviens-tu me voir trembler, 
Quand ton regard croisait le mien. 

Te souviens-tu de la fougue, 
Des éclats, de l’arrogance, 
Te souviens-tu de la houle, 
Des reproches, quand ils commencent. 

Je me souviens de tout cela, 
Et même de plus encore.
Comment revenir vers toi, 
Une fois parti en tord.



08/11/2022.

Alors il crie, l’enfant né hier,
Et lance, dans un dernier espoir  
Avant que l’heure ne sonne ;

"Qui se souvient
De la grandeur et de la misère, 
De l'ombre et de la lumière, 
Qui se souvient des Hommes..." 



Je cours après le sens.

Le sens, je l’ai cherché dès l’enfance, 
Dans les rires gentils et les jolies amours
Dans le début et la fin des vacances. 

Je l’ai cherché dans la romance, 
En transe, les baisers volés, d’un soir,
Les cabarets, les paillettes, juste, un faux espoir. 

Je l’ai cherché dans le noir, 
Les puits, les gouffres de larmes, 
Les giclées de sang et les drames. 
Les nostalgies qui se prélassent ;

Il n’y était pas, hélas. 

Je l’ai cherché sous l’herbe , dans le jardin, au poulailler,
Chez les riches, les pauvres, les oubliés, 
Dans une rue en soleil, dans un lit bien chaud,
Chez les philosophes et dans mon manteau. 

Et essoufflé,  je répétais sans cesse : 
- Quel sens, dis moi, quel sens ?
Je cours après le sens.



Les grands yeux. 

Où suis-je ? Seul ?  
Dans la brume, 
Les formes. 
Une forme, noire, 
Elle s’approche. 
Elle est proche, 
Les grands yeux. 

Où est-elle ? Seule ? 
Dans la lumière, 
Les formes. 
Une forme, blanche, 
Elle s’approche.
Elle est proche, 
Les grands yeux. 

Dans la lumière, 
Dans la brume, 
Les formes. 
On s'approche, on est proche,
Les grands yeux. 

Les grands yeux, 
Des grands dieux. 



Comme une note...        

Ce matin, il y avait quelque chose de nouveau dans l’air.
Quelque chose se cachait parmi les feuilles.
Je peux le sentir, mais je ne saurais dire…
Suis-je en joie ou suis-je en deuil ? 

Pourtant, tout était pareil ;
L’oiseau chantait sur sa branche, le ciel était calme.
Un homme passe, à son bras une femme. 
 Où donc était la différence ?  

Ainsi je passais la journée dans la torpeur ; 
Suis-je la triste victime d’un esprit moqueur ? 
Moi, le poète, qui voyait l’invisible, 
Me voilà, perdu, tordu, imbécile. 

Le soir venu, la tête sur l'oreiller,                            
Le corps transi et le regard inquiet,
Je saisis enfin la chose. Toujours, déjà,
S'en était elle, la cause. 

Ce matin, il y avait quelque chose de nouveau dans l’air
Comme une note de plus dans la chanson, 
Ce soir elle n’y était plus, ce poème est en son nom.   



La lune, cette cachottière.

Je me demande bien ce que cache la lune,
Derrière son masque d’infortune. 

Certains disent qu'on y trouve des dunes, 
Des plumes et des enclumes. D’autres, 
Plus inventifs, imaginent des montagnes, 
Des ruisseaux , des temples à usage décoratif. 

Mon voisin qui en revient, jure qu’on s’y sent bien. 

Moi, sur la lune, j’y vois de grosses vaches, 
Et je serai bien mort avant de savoir ce qu’elle me cache.



Gouttelette, tragédie.

Alors quand il pleut,
Souvenez-vous de ces gouttes
Qui, partant seules,
Ont pris tous les chemins, 
Explorer toutes les routes, 
Pour créer des arcs-en-ciel.



L’amour grandissant ( Poème pour elle ).

Un soir de rêve 
Assis au coin du feu 
Fume une onde de thé 
Simple et heureux 

Un livre poussiéreux me guette  
Mon chat est là et s’enlaçant 
Attire mon œil 
Pourtant seul, je sens l’attente 

L’attente de quoi ?
Je ne sais pas.
L’attente d’un rêve qui monte en moi.

Soudain je pense à toi 
Alors je souris 
Je pense à toi et tes manies 
Puis cela devient un fou rire 



Ainsi fait.

Et si les anges du ciel devaient m’attendre en chantant, 
Et si Dieu avait eu un plan pour moi, 
Serais-je satisfait pour autant ? 
Je ne sais pas. 



Le Rat candide et le Rat savant.


Autrefois le Rat candide 
Invita le Rat savant
Dans un coin des plus tranquilles
Pour s’allonger un moment.

Le Rat savant, fort civil 
Ne dort pas dans la journée 
Et voulut, comme à la ville 
Parler pour bien s’écouter ; 

Celui-ci tint deux discours ;
Sur les choses et leur nature
Et évoqua sans détour 
La souffrance et ses allures.

Rat candide sur ce fait 
S’en retourne en suffoquant 
Ne sachant plus ce qu’il sait,
Se trouvant tout ignorant. 

« - Malheur à celui qui dort, 
S’écrie le rongeur naïf, 
Je veux être un Pythagore
Sans quoi je suis brûlé vif » 

Pour deux ans, il disparut 
Ne dormit qu’un quart de rien 
Convaincu de se faire saint,
Et d’agir pour son salut.

Le vieux rat devint aigri 
Regretta son innocence 
Et retrouve un brin de vie 
Dans ses souvenirs d’enfance 

Un jour prochain vint son heure.
- Malheur à celui qui sait, 
S’écrie l’instruit professeur,
Il en oublie d’être heureux ! 

Ainsi de cette oraison 
Coule notre conclusion 
Amis, d’instruire les uns 
S’ils sont purs, gardons nous bien !



Rouge à lèvres ( Poème pour elle ).

Ton rouge à lèvres 
A un goût de souvenirs
Il rend doux, ces soirs doux, 
Donne aux bouts de mes lèvres l’envie de courir. 

Ton rouge à lèvres, 
Rend jaloux les fleurs 
C’est une danse de joie et de douceur 
Il vole, voltige 
Se prend d’amour pour chacune des couleurs.

Il laisse des traces rouges sur tout ce qui bouge, 
Il se cache, se donne, vole comme dans un songe 
Se dépose avec la douceur d’un mensonge. 

Ma belle, 
Ton rouge à lèvres manque à mon rouge à lèvres.

Et si chacun de nous deux a pris sa route
Si nos pas ne se croisent plus dans les rues de Paris,
Il restera toujours sur ma joue
Un peu de ton rouge à lèvre qui n’est jamais parti.



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